mercredi 10 juin 2015

Message du Président grec sur les indemnisations allemandes lors de la commémoration du massacre de Distomo

par Προκόπης Παυλόπουλος Prokópis Pavlópoulos, 10/6/2015.
Traduit par  Christine Cooreman, Tlaxcala
Original: Μήνυμα του Πρ. Παυλόπουλου από το Δίστομο για τις γερμανικές αποζημιώσεις
Deutsch: Erklärung des Präsidenten Griechenlands über deutsche Entschädigungen anlässlich der Gedenkfeier an das Massaker in Distomo

"Nos réclamations concernant les crimes de la sauvagerie nazie contre les gens de Distomo seront résolues devant les forums judiciaires compétents, comme il sied à des pays civilisés et amis, notamment par ces temps critiques", a souligné le Président de la République hellénique depuis Distomo où il a été proclamé citoyen d’honneur de la commune martyr. Après avoir participé à la cérémonie religieuse en la mémoire des gens massacrés de Distomo, M. Pavlopoulos a relevé que le fait que le processus des réclamations est dorénavant lancé, de manière organisée, par le Parlement hellénique et, donc, au niveau institutionnel, montre que cela est bien vrai.


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L’intégralité du discours du Président de la République hellénique :

Je suis parfaitement conscient du fait qu’avoir été proclamé citoyen d’honneur de la Ville de Distomo m’impose, en essence, un devoir civil suprême de mémoire inextinguible et de prise de conscience parfaite de l’enseignement.
Il s’agit avant tout de la mémoire du crime odieux perpétré par les nazis et de la mort des victimes suppliciées de Distomo.
Mais il s’agit également de la prise de conscience d’un enseignement suprême. Au sens où la Ville martyr de Distomo nous enseigne que l’on doit avoir la conscience constamment en éveil, pour que ne soient plus commis de crimes contre l’Humanité, quelle que soit la forme et quel que soit le « manteau » sous lequel ils risquent d’apparaître à l’avenir.
C’est encourageant de voir que cette double dette qui me revient devient, peu à peu, une espèce de lieu commun et de vérité évidente, non pas seulement en Grèce -chose qui était attendue, du point de vue national, d’ailleurs- mais aussi au-delà de nos frontières, au niveau mondial. La vérité de ce constat est démontrée au plus haut point par la présence, dorénavant établie, de l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne à ce pèlerinage à Distomo.
Ce que je viens de dire ne doit nullement être interprété comme une indication de notre intention d’omettre nos réclamations nationales concernant les crimes de la sauvagerie nazie. D’ailleurs, le fait que le processus est dorénavant lancé, de manière organisée, par le Parlement hellénique et, donc, au niveau institutionnel, montre que cela est bien vrai. Et l’affaire sera résolue devant les forums judiciaires compétents,  comme il sied à des pays civilisés et amis, notamment par ces temps critiques.
Ainsi, si j’insiste, en premier, sur la part morale de la condamnation du crime nazi odieux perpétré à Distomo, c’est parce que l’Histoire et la Civilisation de la Grèce et de son peuple l’imposent. En effet, cette Histoire et cette Civilisation montrent, depuis toujours, que nous, les Grecs, comprenons le sacrifice sur l’autel de la Paix, de la Liberté et de la Démocrate qui, de par sa nature, n’a pas de prix, comme un don désintéressé à l’Homme et à l’Humanité et non pas comme l’opportunité de formuler des réclamations matérielles.
Je sais que les mots que l’on peut prononcer à propos de Distomo et de ses martyrs ne suffiront jamais pour se hisser à la hauteur historique de leur sacrifice bouleversant. C’est pourquoi je conclus ici, tout en vous assurant à nouveau que j’ai pleinement conscience de mes devoirs institutionnels et politiques, encore plus après le grand honneur que vous me faites.
Que la mémoire des martyrs de Distomo soit éternelle et que leurs âmes sacrées reposent parmi les justes.
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Note de Tlaxcala
Le massacre de Distomo fut un crime de guerre nazi perpétré par les membres de la Waffen-SS dans le village grec de Distomo, en Béotie, pendant l’occupation du pays durant la Seconde Guerre mondiale, le même jour que le massacre d'Oradour-sur-Glane en France. Le 10 juin 1944, pendant plus de deux heures, les troupes Waffen-SS de la 4e division SS Polizei Panzergrenadier sous le commandement du SS-Hauptsturmführer Fritz Lautenbach firent du porte à porte pour massacrer des civils grecs, en représailles pour une attaque de partisans.
Un total de 218 hommes, femmes et enfants fut tué. Selon les survivants, les forces SS ont tué les bébés à coups de baïonnette dans leurs berceaux, poignardé les femmes enceintes et décapité le prêtre du village. Après le massacre, un agent de la Geheime Feldpolizei qui accompagnait les forces allemandes informa les autorités que, contrairement au rapport officiel de Lautenbach, les troupes allemandes avaient été attaquées à plusieurs kilomètres de Distomo et n’avaient pas subi de tir « de mortiers, de mitrailleuses et de fusils venant de Distomo ». Une enquête fut ouverte. Lautenbach admit qu’il avait outrepassé les ordres, mais le tribunal se prononça en sa faveur, au motif qu’il avait été motivé, non par la négligence ou l’ignorance, mais par un sens des responsabilités envers ses hommes. Les victimes et leurs proches mènent une bataille judiciaire pour l'indemnisation depuis 1997 devant les justices grecque, allemande, italienne et internationale. Le gouvernement Tsipras menace depuis le mois de mars de faire saisir des biens allemands en Grèce pour indemniser les victimes.
 

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