jeudi 5 février 2015

Le gouvernement Tsipras, le pain, les roses et nous (les femmes)

par Annamaria Rivera, MicroMega, 3/2/2015
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 
"Vous ne pouvez pas démanteler la maison du maître avec les outils du maître". Je sais, la citation de l'écrivaine féministe africaine-américaine Audre Lorde est galvaudée. Néanmoins, la mettre en exergue peut être efficace pour énoncer d'emblée les points noirs qui, à mon sens, rendent moins brillante et lisse la victoire de Syriza, si extraordinaire soit-elle.
Du côté de la gauche, le seul fait d'émettre des doutes ou simplement un trouble, même après juré fidélité à la cause grecque, vous range déjà dans les rangs de l'ennemi. À tout le moins, vous vous retrouvez à figurer parmi ceux qui ne savent pas faire la distinction entre le principal et le secondaire, comme une radical chic qui ne voit pas les masses affamées par la Troïka et disserte sur des "détails" comme le patriarcat, le racisme, l'antisémitisme, l'homophobie ... Et il ne sert à rien que vous ayez écrit plus d'une fois - par exemple, lorsque le gouvernement Monti venait de s'installer - contre les politiques d'austérité de ces exécuteurs compassés des ordres de la Banque centrale européenne, alors que certains de ceux qui, aujourd'hui, sont "avec Tsipras", avouent avoir été des fans de Mario Monti. Le climat ressemble un peu à celui, pas si lointain,  où le fait de manifester un doute quelconque sur le «modèle socialiste» cubain vous valait d'être rangé dans le camp de l'impérialisme US. Soyons claire : il ne s'agit pas de remettre en cause le tournant prodigieux marqué par la victoire de Syriza par rapport aux politiques européennes de rigueur, d'austérité et de catastrophe sociale. Ni de nier l'importance du fait d'avoir violé le tabou de l'inévitabilité et dans quelle mesure cette victoire peut encourager, en  chaîne, d'autres soulèvements contre les diktats de la Troïka.

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