mercredi 14 août 2013

ITALIE-"J'ai mis le mouvement NO MUOS au service de la Mafia" : un repenti confirme les accusations de Crocetta

par Antonio Mazzeo, 10/8/2013. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le texte ci-dessous est une satire écrite en réponse aux déclarations du "gouverneur" (président de région) de la Sicile, le pittoresque Rosario Crocetta [trad. litt.: "Rosaire Peite-Croix], qui, au lendemain de la grande manifestation contre la base militaire de télécommunications US de Niscemi du 9 août, a déclaré au journal La Reppublica que le mouvement de protestation NO MUOS était non seulement "exaspéré par des pointes extrémistes", mais infiltré par la Mafia, ce qui a déclenché une belle polémique.-Tlaxcala
Interview exclusive du nouveau collaborateur de justice sicilien Antonio Matteo, qui, au nom des plus puissantes organisations criminelles internationales, a envahi le web pendant des années avec de faux rapports sur la "dangerosité" du MUOS de Niscemi. Objectifs des campagnes de presse pilotées par la mafia : discréditer un système militaire clé pour défendre l'Europe chrétienne contre l'invasion musulmane et fomenter une réaction populaire irrationnelle de rejet de l'installation de nouvelles bases de l'US Navy.
Le repenti après sa livraison à la justice



Antonio Matteo, depuis quelques mois vous vous êtes repenti et vous avez rempli des pages de procès-verbaux de la DDA [Direction de district antimafia des services du Procureur, NdT] de Catane sur l'infiltration de la mafia dans le mouvement No Muos. Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
J'ai grandi dans un milieu familial sain, j'ai étudié chez les Jésuites et j'ai entrepris une carrière de journaliste, mais j'ai toujours vécu de piges sporadiques et mal payées. J'ai réussi à gagner un peu d'argent en écrivant contre le projet de pont sur le détroit de Messine. À Messine, beaucoup de gens s'y opposaient pour de sinistres intérêts de boutique et j'ai tenté de surfer sur la vague No Ponte. J'ai même écrit un livre là-dessus, qui m'a procuré un succès éphémère. Puis à Rome ils ont décidé de ne plus faire le pont et me suis retrouvé plus pauvre et désespéré qu'avant. Jusqu'à ce que de vieux amis de New York me proposent de recycler ma plume contre un gigantesque complexe militaro-industriel qui était entré en conflit avec quelques vieux parrains. Ils avaient distribués des pots-de-vin à travers le monde, même en Italie, il y avait eu des présidents du Conseil et de la République bien arrosés, mais quand les parrains leur ont demandé un pourcentage sur la vente des nouveaux de chasse qui ne décollent pas, les S37 je crois, ceux de la boîte ont dit non. Alors, Cosa nostra a décidé de se venger. Ils étaient au courant de leur méga-projet en Sicile, et ils m'ont demandé de les aider à orchestrer une campagne.
Vous voulez parler du Muos de Niscemi... Et qu'avez-vous alors fait, concrètement ?
Eh bien, j'ai commencé à inonder le web de fausses nouvelles sur les dangers de ces antennes. Était simple : je scannais les logos de prestigieuses universités ou centres de recherche et je les mettais sur les notes qu'ils m'envoyaient chaque mois de New York. Ils pouvaient compter sur un ancien ingénieur spatial qui avait été licencié de la boîte, mais aussi sur certains officiers de l'US Navy qui touchaient des enveloppes durant la période où les bases militaires en Sicile servaient à faire venir de la drogue et des armes. Ils me préparaient les fiches techniques sur le MUOS, ils me fournissaient des informations  pseudo-scientifiques sur le danger inexistant de l'électromagnétisme et je les transformais en articles et enquêtes. Après que nous avons pu gagner un peu d'attention des médias, ils ont également abordé certaines sommités locales. Il a suffi de les menacer ou de leur promettre une rapide carrière universitaire et les rapports et avis No Muos se sont mis à pleuvoir de toutes parts. Et moi, j'écrivais, j'écrivais, j'écrivais...
Mais vous ne vous êtes pas limité  au rôle de nègre et de scribouillard...
Oui c'est vrai. Durant les années passées à faire mon beurre avec No Ponte, j'ai eu l'occasion de fréquenter les noglobal et les anarcho-insurrectionnalistes  siciliens. Je les rencontrais sous couvert de conférences didactiques bidon et en échange de généreuses contributions en oseille (mais j'ai également fourni beaucoup de marie-jeanne et de pinard) eux se sont dépensés pour constituer des comités No Muos et fomenter l'opposition, en particulier parmi les jeunes ignares et les mamans de l'île. C'est comme ça que s'est créé un réseau où la mafia a financé et dirigé les protestations et les No Muos déclenchaient des action de guérilla contre les forces de l'ordre et l'armée US. Nous avions déjà fait cette expérience avec le Pentagone en Amérique latine, en forgeant de toutes pièces la narcoguérilla. Mais maintenant, le petit jeu se retournait contre les Yankees.
Cependant, à un moment donné vous avez soulevé le fait que la mafia avait mis la main sur les travaux du Muos de Niscemi.
C'était aussi un leurre imaginé à New York. Les politiciens en Sicile sont passés maîtres dans l'art d'agiter l'épouvantail de la mafia pour faire en sorte qu'on ne parle jamais sérieusement de la mafia. Donc, nous avons écrit qu'il y avait des entreprises en odeur de mafia qui avaient fourni le béton pour les bases des antennes, mais ce n'était pas du tout vrai. Un pauvre type de Niscemi, un certain Mister Luglio ou Agosto, je ne sais plus, qui a été obligé de fermer l'entreprise et de licencier des dizaines de salariés. Entretemps, nous, on infiltrait, cette fois avec des vrais mafieux, les, institutions, les partis et de nombreuses associations locales. On s'est mis dans la poche des présidents provinciaux, des maires, des conseilleurs, des écologistes, des enseignants. Et les No Muos grossissaient, grossissaient, grossissaient, tout comme mes comptes bancaires...
 
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Mais dans un premier temps le gouverneur Crocetta aussi était avec les No Muos. Vous l'avez aussi approché ?
Non, approché, non. Disons que nous lui avons offert des paquets  de votes aux élections régionales car il avait naïvement épousé la campagne du réseau mafia-noglobal-anarcho-insurrectionnaliste. J'ai moi-même convaincu la Coupole [organe dirigeant de Cosa nostra, aussi appelée Commission régionale ou inter-provinciale, siégeant à Palerme, où elle fut créée, sur le modèle US, en 1957, lors d'une réunion historique à l'hôtel delle Palme avec les parrains new-yorkais Bonanno et Lucky Luciano, NNdT] que l'on avait à jouer la carte du mégaphono-Président [Il Megafono est ne nom du mouvement créé par Crocetta, NdT]. J'ai rencontré Crocetta à un débat du Parti démocrate sur le Muos à Marina di Ragusa, c'était en juin 2012, on ne parlait alors que dans les couloirs de sa candidature à la tête de la région. A cette époque, on m'invitait à plein de rencontres No Muos. Je leur ai raconté plein de conneries, j'ai terrorisé le public (il y avait le gotha du PD de Ragusa) avec les scénarios apocalyptiques de guerre qui allaient être déclenchés par le Muos. J'ai inventé que les ondes pourraient perturber les avions de Comiso et des autres aéroports siciliens, une blague incroyable qu'ils ont tous avalé. Crocetta m'a écouté, au moins c'est l'impression que j'ai eu même s'il a eu tout le temps les yeux fixés sur son Ipod. À la fin il a dit : "Si vous m'élisez comme Président, la première chose que je ferai sera de supprimer les autorisations pour le Muos". J'ai rapporté la chose à New York et don Vito & Co ont été convaincus que Crocetta pourrait être le meilleur pour faire rendre gorge à ces salauds qui ne voulaient pas payer la taxe pour leurs affaires de missiles, de canons et de S37.
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ROSARIO CROCETTA - O' CLOWN - #CROCETTA #MUOS. Paul Mennea

Seulement maintenant, aussi bien Crocetta que Vous-même vous repentez d'avoir été No Muos.
Non, Crocetta et moi, ce n'est pas la même chose. Il s'est repenti d'avoir fait le No Muos parce qu'il voit grand, il veut faire le cacique, Premier ministre même et il sait que l'antiaméricanisme n'est pas une bonne carte de visite, ni à Rome ni aux USA. Vous avez lu le reportage sur lui fait par le Washington Post ? Avant lui, seul Berlusconi avait eu droit à la Une et certainement pas pour ses engagements antimafia et pour les droits civils. Crocetta fait son numéro, il ne s'est jamais repenti de quoi que ce soit. Moi en revanche, je me repens sincèrement de ce que j'ai fait. Quand Zichichi a révélé  que le Muos serait été utile pour éviter que les astéroïdes se précipitent sur la terre et la transforment en désert, j'ai pensé à mes enfants. Il n'est pas juste qu'ils doivent mourir faute d'avoir installé un dispositif qui peut détruire dans l'atmosphère ces grosses boules de feu. Ce qui m'a convaincu que je ne pouvais pas  continuer à écrire des cochonneries en échange de l'argent de la drogue, ça a été la nomination  comme ministre de cette femme africaine dont j'ai oublié le nom. L'islamisation de l'Europe est une catastrophe, c'est contre nature. Nous sommes chrétiens, profondément chrétiens, avec une identité et des racines chrétiennes. Pour moi les mots du ministre Mauro [ministre de la Défense : "Le MUOS sert à garantir la paix et la sécurité globales", NdT] ont été paroles d'vangile. Le Muos, comme les drones de Sigonella et toutes les bases en Sicile sont des instruments de paix et de liberté contre l'esclavage pérenne. Si je me suis livré à la justice je l'ai fait par amour pour ma femme et mes enfants, pour qu'ils ne soient pas livrés aux invasions de ces nouveaux barbares. Je veux le dire à tous. Il n'y a pas d'avenir sans le Muos.
 
Interview publiée dans le Ilsicilianolibero_ilmegafono.info.com   d'aujourd'hui



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