vendredi 15 juin 2012

Avant les élections en Grèce: ce que veut Syriza







Alexis Tsipras, par oursoula

Je maintiendrai la Grèce dans la zone euro
par Alexis Tsipras Αλέξης Τσίπρας. Traduit par  Fausto Giudice
Original: I will keep Greece in the eurozone
Traductions disponibles : Español  Português    

Qu'il n'y ait aucun doute, mon mouvement - Syriza - s'est engagé à maintenir la Grèce dans la zone euro.
Le président Barack Obama avait raison quand il a dit vendredi dernier: "Faisons maintenant  tout notre possible pour croître, quitte à verrouiller un plan à long terme pour stabiliser notre dette et nos déficits, et commencer à les faire diminuer d’une manière constante et  sensée." Cela vaut pour mon pays, aussi. La nécessité d'accorder à la Grèce une chance de croissance réelle et de nouvel avenir est maintenant plus largement acceptée que jamais.
Je crois fermement que nous obtiendrons un mandat démocratique clair du peuple de la République hellénique dimanche prochain. Avec ce mandat, nous prendrons des mesures immédiates pour mettre fin aux systèmes politique et réglementaires  grecs, qui sont corrompus et inefficaces et  qui ont ravagé notre économie au cours des dernières décennies. Le peuple de Grèce attend également de nous que nous prenions la responsabilité immédiate d’enrayer la crise humanitaire qui affecte notre pays.
Syriza est aujourd'hui  le seul mouvement politique en Grèce qui peut assurer la stabilité économique, sociale et politique à notre pays. La stabilisation de la Grèce à court terme bénéficiera à la zone euro dans un moment critique de l'évolution de la monnaie unique. Si nous ne changeons pas de voie, l'austérité menace à coup sûr de nous contraindre à sortir de l’euro.
Seule Syriza peut garantir la stabilité grecque, parce que nous ne portons  pas le bagage politique des partis de l'establishment qui ont conduit  la Grèce au bord de la ruine. C'est pour cette raison que les électeurs soutiennent notre engagement à tirer notre pays du gouffre. Nous allons mettre la Grèce sur une nouvelle voie de croissance par un gouvernement transparent. Une Grèce rénovée contribuera à refonder une Europe plus proche, plus unie. Les développements du  week-end  en Espagne confirment que la crise est paneuropéenne et que  la façon dont elle a été traitée jusqu'à présent a été totalement inefficace.
Le peuple de Grèce veut remplacer le vieux Mémorandum  d'entente (signé en mars avec l'UE et le Fonds monétaire international), qui  a échoué, par  un "plan national de reconstruction et de croissance". Cela est nécessaire à la fois pour éviter une crise humanitaire en  Grèce et pour sauver la monnaie commune.
Les problèmes fiscaux systémiques de la Grèce sont, en grande partie, un problème de faibles recettes publiques. Une myriade  d’allégements fiscaux et d’exemptions accordés aux intérêts particuliers par les administrations précédentes, avec un taux d'imposition effectif faible sur les revenus des particuliers  et du  capital, expliquent en grande partie le problème. Tout comme la méthode très inefficace de recouvrement de l'impôt.
Selon Eurostat, la Grèce est en-dessous de la moyenne des recettes publiques en pourcentage du produit intérieur brut de 4 pour cent. Le système politique bipartisan a passé des décennies à ignorer complaisamment le besoin urgent d'une réforme fiscale efficace. Il a concentré ses efforts de recouvrement des impôts sur la seule source fiscale épuisable : les ménages à faibles et moyens revenus.


Tsipras à Berlin, par Kostas Koufougiorgos: "Bonjour, Messieurs ! Je m'appelle Tsipras et je recherche des alliés allemands pour mes idées de réfomes...!"
Conformément à notre plan pour la reconstruction et la croissance, nous nous sommes engagés à suivre un programme de stabilisation fiscale pragmatique et socialement juste. Ce programme s'articule comme suit : stabilisation des dépenses publiques à environ 44 pour cent du PIB et réorientation ces dépenses pour s'assurer qu'elles sont faites à bon escient; augmentation des revenus de la fiscalité directe aux niveaux européens  moyens (plus de 4 pour cent du PIB) sur une période de quatre ans, et réforme du régime fiscal de manière à identifier la richesse et le revenu de tous les citoyens, et à répartir équitablement le fardeau de la fiscalité.
Le manque de transparence financière prévaut, alors même que les banques grecques ont été recapitalisées par des prêts de la troïka (l'UE, le FMI et la Banque centrale européenne). Nous ferons en sorte que les banques viables soient recapitalisées dans la transparence et d'une manière entièrement compatible avec l'intérêt public. C'est la seule façon de s'assurer que le système financier dans son ensemble retourne  à la pleine stabilité.
Arthur Miller a écrit qu "une époque peut être considérée comme finie lorsque ses illusions de base sont épuisées". L'illusion de base d’une bonne gouvernance sous l'ancien régime du système bipartisan a été épuisée. Il est maintenant tout à fait incapable d'assurer le retour de notre pays à la croissance et à la pleine participation à la zone euro. Dimanche prochain nous allons faire entrer la Grèce dans une nouvelle époque de croissance et de prospérité.
Cette nouvelle époque commence lundi prochain.

A gauche toute pour sortir de la crise ! Programme de Syriza pour les élections du 17 juin en Grèce


Voici le résumé en 10 points du programme de la coalition de gauche Syriza pour les élections législatives grecques du 17 juin 2012, traduit par Okeanos
Chambardement en Grèce/Changement en Europe
1. Créer un bouclier pour protéger la société contre la crise
  • Pas un seul citoyen, sans un revenu minimum garanti ou des prestations de chômage, des soins médicaux, une protection sociale, un logement et un accès à tous les services d’utilités publiques;
  • Des mesures de protection et de secours pour les ménages endettés ;
  • Le contrôle et la réduction des prix, la réduction de la TVA, la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
"Les mémorandums appartiennent au passé
Nous ouvrons la voie de l’espoir
Chambardement en Grèce/Changement en Europe"
2. Éliminer le fardeau de la dette
La dette est d’abord et avant tout un produit des rapports de classe et est dans son essence même inhumaine. Elle est produite par l’évasion fiscale des riches, le pillage des fonds publics et l’achat exorbitant d’armes et d’équipements militaires.
  •     Un moratoire sur le service de la dette  ;
  •     Une négociation pour l’annulation de la dette, avec une provision pour les fonds d’assurance sociale et la protection des petits épargnants. Cela doit être suivi en exploitant tous les moyens disponibles tels qu’un audit de contrôle et la suspension des paiements ;
  •     Le règlement de la dette restante avec des dispositions pour le développement économique et l’emploi ;
  •     Une réglementation européenne de la dette des Etats européens ;
  •     Un changement radical du rôle de la Banque centrale européenne ;
  •     L’interdiction de produits bancaires spéculatifs ;
  •     Une taxe européenne sur l’impôt sur la fortune, les transactions financières et les profits.

3. Redistribution des revenus, fiscalité sur la richesse et abolition des frais inutiles
  •     Réorganisation et consolidation des mécanismes de recouvrement fiscal ;
  •     Imposition des fortunes de plus de 1 millions d’euros et des hauts revenus ;
  •     Augmentation progressive, jusqu’à 45%, de l’impôt sur la redistribution de bénéfices ;
  •     Taxation des transactions financières. Taxe spéciale sur les produits de luxe ;
  •     Suppression des exonérations fiscales des armateurs et de l’Eglise orthodoxe grecque ;
  •     Suppression de la confidentialité des banques et des marchands, traque à  la fraude fiscale et aux cotisations sociales ;
  •     Interdiction des transactions effectuées par le biais de sociétés off-shore ;
  •     Quête de nouvelles ressources via :
    - l’exploitation efficace des fonds européens ;
    - la demande remboursement des créances issus de l’occupation allemande et dee réparations allemandes de la Seconde Guerre mondiale ;
    - une forte réduction des dépenses militaires.
4.  Productivité, reconstruction sociale et environnementale
  •     Nationalisation / socialisation des banques et intégration d celles-ci dans un système bancaire public sous le contrôle du social et des travailleurs dans le but de servir le développement. Le scandale de la recapitalisation des banques doit cesser immédiatement.
  •     Nationalisation de toutes les entreprises publiques, d’importance stratégique, qui ont été privatisées à ce jour. Administration de ces entreprises publiques basée sur la transparence, le contrôle social et de la planification démocratique. Aide pour la fourniture de biens publics.
  •     Protection et la consolidation des PME du secteur social et des coopératives.
  •     Transformation écologique du modèle de développement. Cela inclut une transformation dans les secteurs de la production d’énergie, la fabrication, le tourisme et l’agriculture. Tous ces secteurs doivent être réformées selon les critères de l’abondance alimentaire et de la satisfaction des besoins sociaux.
  •     Développement de la recherche scientifique et de la spécialisation productive.
5. Un emploi stable avec des salaires décents et une assurance sociale
La dégradation constante de la main-d’œuvre, couplée avec des niveaux de salaires embarrassantes n’attire pas les investissements dans le développement ni dans l’emploi.
  •   Un emploi bien payé, bien réglementé et bien assuré ;
  •   Un retour immédiat du salaire minimum et un retour des salaires réels dans les trois ans ;
  •  Un retour immédiat des conventions collectives de travail ;
  •  L’instauration de mécanismes de contrôle puissants qui protègent l’emploi ;
  • La confrontation systématique des relations de déréglementation des licenciements et du travail.
6. Plus de démocratie. Les mêmes droits démocratique et sociaux pour tous
Il y a un déficit démocratique dans le pays. La Grèce s’est progressivement transformée en un Etat policier autoritaire.
  •     Une refondation de la souveraineté populaire et une mise à niveau du pouvoir parlementaire au sein du système politique ;
  •     Une incitation à un système électoral proportionnel ;
  •     La séparation des pouvoirs ;
  •     La révocation de la loi pour la responsabilité ministérielle et l’abolition des privilèges économiques du parlementaire ;
  •     Une réelle décentralisation et un gouvernement local avec des ressources et des compétences élargies ;
  •     L’introduction de la démocratie directe et d’institutions d’auto-gestion sous le contrôle du social et des travailleurs à tous les niveaux ;
  •     Des mesures contre la corruption politique et économique ;
  •     La fondation de droits syndicaux démocratiques, politiques et commerciaux ;
  •     L’amélioration des droits des femmes et  des jeunes dans la famille, au travail et dans l’administration publique ;
  •     L’accélération du processus d’asile ;
  •     L’abolition du règlement de Dublin II et l’octroi de papiers aux immigrants ;
  •     L’inclusion sociale des immigrants et de l’égalité des droits ;
  •     La réforme démocratique de l’administration publique avec la participation active des fonctionnaires ;
  •     La démilitarisation et la démocratisation de la police et des garde-côtes ;
  •     Le démantèlement des forces spéciales.
7. Un État-providence puissant
Les lois anti-assurance ont fait baisser les services sociaux et la chute abrupte des dépenses sociales a rendu la Grèce un pays où règne l’injustice sociale.
  •     Programme immédiat de sauvetage du système de retraite qui comprend le financement tripartite et le retour progressif des portefeuilles des fonds de pension  dans un système public et universel d’assurance sociale ;
  •     Hausse des allocations de chômage jusqu’à ce que le taux de substitution atteigne les 80% du salaire. Aucun chômeur ne doit être laissé sans indemnité de chômage ;
  •     Introduction d’un revenu minimum garanti ;
  •     Système unifié de protection sociale complet couvrant les strates sociales vulnérables.
"Ils ont décidé sans nous
Nous avançons sans eux
Chambardement en Grèce/Changement en Europe"
8.  La santé : un bien public et un droit social
La santé doit être fournie gratuitement et sera financée par un système de santé publique via les mesures  suivantes (immédiates) :
  •     Soutien et mise à niveau des hôpitaux ;
  •     Mise à jour des infrastructures de santé de l’Assurance Sociale (IKA) ;
  •     Développement d’un système intégré de soins de premier niveau médical ;
  •     Arrêt des licenciements ;
  •     Couverture des besoins en traitement médical (personnel et équipements) ;
  •     Accès gratuit et sans coût d’un traitement médical pour tous les résidents dans le pays ;
  •     Traitement pharmaceutiques et examens médicaux gratuits pour les retraités à faible revenu, les chômeurs, les étudiants et ceux qui souffrent de maladies chroniques.
9. Protection de l’éducation, de la recherche publique, de la culture et des sports des politiques du Mémorandum.
  •     Consolidation de l’enseignement universel, public et gratuit ;
  •     Couverture des besoins les plus urgents en infrastructure et en personnel aux trois niveaux ;
  •     Ecole obligatoire jusqu’à 14 ans ;
  •     Révocation de la loi Diamantopoulou (ndlr : Anna Diamantopoulou avait demandé l’abolition de la loi sur  »l’asile académique », qui interdit l’accès des campus à la police. Cette abolition a été votée le 24 août 2011. On reparlait de « junte » à cette époque, puisque cette loi avait été mise en place suite à la révolte des étudiants qui avait été le point de départ de la fin de la junte militaire);
  •     Consolidation de l’autonomie des universités ;
  •     Préservation du caractère académique et public des universités.
10. Politique étrangère indépendante et engagée dans la promotion de la paix.
L’adaptation de la politique étrangère aux exigences des États-Unis et des Etats puissants de l’UE met en danger l’indépendance du pays, la paix et la sécurité.
  •     Une politique étrangère multidimensionnelle et qui prône la paix ;
  •     Le désengagement de l’OTAN et la fermeture des bases militaires étrangères ;
  •     La fin de la coopération militaire avec Israël ;
  •     L’aide aux tentatives des chypriotes de réunifier l’île ;
  •     En outre, sur la base du droit international et sur le principe de résolution pacifique des conflits, poursuite d’une solution aux relations gréco-turques, d’une solution au problème de la dénomination officielle de l’ARYM et de l’identification de la zone économique exclusive de la Grèce

  Spots de campagne
 Premier spot
Transcription (merci à Mehdi Zaaf) :

    Depuis le 24 avril 2010, le jour où ils nous ont amené le FMI, tu te souviens combien de fois ils nous ont effrayé, nous disant que nous allions sortir de l’Euro et que nous allions revenir à la drachme ?

    Que nous n’obtiendrions pas le prochain versement / la prochaine dose ?

    Que l’on faisait faillite et que les mémorandums allaient nous sauver ?

    Tellement de fois que cela ne nous fait même plus peur.

    La force électorale acquise le 7 mai, nous a ouvert une nouvelle voie, loin de la seule véritable terreur qui menace nos vies : leurs politiques et leurs mémorandums.

    Le 17 juin, nous faisons des mémorandums un artefact du passé. Nous ouvrons la voie de l’espoir.

    Syriza, front social unitaire
Deuxième spot
Transcription :

    06/05/2012

    depuis le jour ou nous avons dit NON à leur mémorandum , vous avez vu combien de fois ils ont modifié ce qu’ils disaient avant.

    Avant
    E. Venizelos, le 30/08/2011 : « Nous ne renégocions pas le cadre(…) »
    Après
    E. Venizelos, le 05/05/2012 : « … Le pays va dans la vers la révision des règles malsaines du contrat… »

    Avant
    A. Samaras, le 11/02/2011 : « …De la même manière que nous avons condamné le 1er mémorandum, nous refuserons le mémorandum 2, qui est pire …

    A. Samaras, le jour du vote du 2ème mémorandum, le 12/02/2011, un jour plus tard, au parlement : « A.Samaras a voté oui pour tout »

    Après
    A. Samaras, le 07/05/2012 : « … pour changer la politique du mémorandum à travers des rénégociations… »

    Ils ont changé si souvent que désormais, nous savons le niveau de puissance qu’ont nos droits et nos votes .

    Le 17 juin, nous faisons des mémorandums un artefact du passé. Nous ouvrons la voie de l’espoir.

    Syriza, front social unitaire

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