mercredi 15 septembre 2010

Conférence de soutien aux RROMS et autres gens du voyage le 18 septembre

Animée par Ginette Hess Skandrani
au
Théâtre de la Main d’Or, 15 passage de la Main d’Or
75011 Paris, m° Ledru-Rollin
samedi 18 septembre 2010, 14 heures 30

en première partie, projection du film Liberté, de Tony Gatliff (2010), sur l'odyssée d'un groupe de Rroms pendant l'Occupation

 Notre président, ainsi que son gouvernement sont en train de mener une politique abjecte contre les gens du voyage. Abjecte, car elle est une injure à l'humanité toute entière.

 Les gens du voyage qu'ils soient Tziganes, Manouches, Yéniches ou Gitans, ont autant de droit que les autres citoyens de l’hexaqone, surtout que la majorité d'entre eux ont la nationalité française.
 Les Rroms, que le gouvernement continue à expulser vers la Roumanie sont des Européens et ceci depuis certainement plus longtemps que bien des gens qui les pourchassent.

 Cette attitude envers les gens du voyage nous choque profondément alors que leur musique et leurs danses nous enchantent, que nous adorons tous Django Reinhart, Manitas de Plata ou Chico et les Gypsies, qui sont tous autant gitans que ceux que nous ne tolérons ni sur nos terrains, ni dans nos rues, ni dans nos quartiers et que nous continuons à dénigrer et à humilier. Leurs musiques et leurs danses, leur façon langoureuse de jouer du violon ont animé et continuent à animer bien des soirées en salle ou en plein air.

 Que diriez-vous si nous remplacions gens du voyage par juifs comme cela se faisait avant la deuxième guerre mondiale au moment où ils étaient chassés de partout et mis dans des camps. Vous seriez certainement choqués et nous aussi. Les Tsiganes ont également été
 victimes des nazis et mériteraient qu'on les honore tout autant en leur dressant des stèles et en leur proposant des réparations comme tous ceux qui ont subi un génocide.
 La première des réparation ne serait-elle pas de les accueillir dignement, car les descendants de ceux qui ont subi le génocide nazi ont droit à notre respect.
 Nous demandons que, conformément à la loi les gens du voyage puissent voyager librement d'une région à l'autre sans qu'il leur soit attribué un pass, qu'ils aient des papiers comme tout le monde, qu'ils puissent profiter des aires de repos attribuées dans toutes les villes,
 aménagées et vivables comme décrété par la loi.
 Et surtout nous ne tolérons plus ce racisme envers les gens du voyage que nous apprécions lorsqu'ils sont parmi nous.
 Nous avons contacté des représentants des associations des gens du voyage. J’espère qu’ils seront parmi nous.
 Ginette Hess Skandrani

« Un esprit de liberté » : témoignage
Née en Alsace à une époque très bouleversée, entre un papa communiste et résistant et une maman anarchiste et tout autant résistante, j'ai vécu une enfance extraordinaire et grandi sans m'en rendre compte. Ma prime enfance, sous l’occupation allemande, s'est passée dans une cave. Ma grand-mère maternelle étant à la fois manouche et juive, d’une mère faisant partie des gens du voyage et d’un père juif fils d'un grand propriétaire terrien dans les Vosges, était doublement pourchassée par les nazis.
Mon arrière-grand-mère,  Carolyne Sutter a eu 7 enfants qu’elle a élevé en mendiant et en faisant du troc dans les rues de Chatenois, ayant été abandonnée par son mari qui avait préféré retourner dans le giron familial.
Elle et ses enfants n'avaient jamais été acceptés par la famille juive puisque leur sang était « manouche ».
Tous les  frères et sœurs de ma grand-mère qui n'ont pas réussi à se cacher ou à fuir dans les Vosges ont été déportés. Ils sont tous revenus, mais dans un sale état, surtout celle que j’aimais particulièrement : ma grande-tante Maria. Elle passait son temps à me raconter sa vie aventureuse. Elle vivait de cueillettes, de danses et de chants. Elle était douée pour la médecine des plantes et avait de nombreux clients. Elle dansait aussi quand son mari jouait de l’accordéon dans les fêtes. Ses récits ont bercé mon enfance. Elle avait beaucoup souffert, ayant été enfermée au Struthof puis à Buchenwald. Elle était restée profondément manouche tout en étant sédentaire. Comme elle a été stérilisée, comme beaucoup de femmes tziganes, elle n’a pas eu d’enfants. Toute son affection s’était reportée sur moi. Elle m’emmenait souvent, sans en avertir mes parents, dans un camp manouche qui se trouvait à Logelbach à côté de Colmar. Je m’y amusais avec les gosses manouches, j’aimais leur musique, leurs fêtes, leurs danses. La blondinette que j’étais avait fini par se faire adopter par les autres enfants. C’est ma mère qui a mis le holà car elle n’aimait pas beaucoup cet esprit de liberté qui était déjà bien ancré en moi.
J’ai toujours été attirée par les gens du voyage qu’ils soient Rroms, Manouches, Gitans, Yeniches ou Tsiganes.
Je les ai toujours défendus.
GHS, Septembre 2010

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