mercredi 20 janvier 2010

Lettre ouverte à la Chancelière Angela Merkel à propos de la réunion commune des cabinets israélien et allemand à Berlin


par la Fondation Kant, Freiburg, 16/1/2010. Traduit par Michèle Mialane, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Offener Brief an die Bundeskanzlerin anlässlich der gemeinsamen deutsch-israelischen Kabinettssitzung in Berlin 
Carta abierta a la Canciller Merkel sobre la sesión conjunta de los  gabinetes alemán e israelí en Berlín












Fondation Kant de Freiburg  (« Prendre en charge l’héritage européen»)
À Madame la Chancelière
Angela Merkel
Chancellerie fédérale
Wiily-Brandt-Strasse 1
10557 BERLIN
(déjà mailé et faxé au Service de presse fédéral)
Sölden près Freiburg , le 16 janvier 2010
Madame la Chancelière,
Mesdames et Messieurs les membres du Cabinet fédéral,
En ma qualité de Président de la Fondation Kant de Freiburg (« Prendre en charge l’héritage européen»), je me permets de vous faire part ainsi qu’à vos Ministres de notre étonnement , de notre stupéfaction devant votre interprétation des devoirs de votre charge et  la manière de représenter ceux qui vous ont élue et que vous vous êtes engagée par serment  en prenant vos fonctions à « servir en votre âme et conscience ».
Je veux parler de le la réunion commune des cabinets israélien et allemand prévue pour le 18 janvier à Berlin.  Comme vous-même et votre cabinet devriez être au courant du rapport Goldstone, commandé par le Conseil des droits humains de l’ONU à ce juge internationalement reconnu, aussi bien que de la ghettoïsation de Gaza et de la poursuite de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, appuyées par la supériorité militaire et fondées sur un fondamentalisme sioniste machiavélique et au mépris des conventions du droit humanitaire international, nous ne pouvons pas croire qu’un cabinet ministériel allemand (dont les partis se voient pour l’essentiel tenus de respecter aussi bien les valeurs fondamentales chrétiennes que celles de l’État de droit libéral) se rallient en toute connaissance de cause à une politique symbolique proprement perverse.
Il doit donc y avoir des dessous à cette affaire, que nous vous encourageons à révéler en vous  invitant ainsi que votre gouvernement à prendre réellement en considération, par des mesures préventives appropriées, la vérité que vous retenez par-devers vous.
Comme le Professeur Jeff Halper notamment, citoyen israélien et lauréat du Kant-Weltbürger-Preis (Prix Kant de citoyen du monde) 2009 l’a dit dans son discours de réception et répété dans de nombreuses publications, les forces au pouvoir dans l’État d’Israël travaillent - en partie ouvertement, en partie secrètement - et avec une grande efficacité, à rendre impossible la « solution à  deux États » pour résoudre le conflit israélo-palestinien. D’autres experts du Moyen-Orient, comme Bettina Marx, depuis de longues années  correspondante de l’ARD au Moyen-Orient, craignent que le monde doive se préparer à penser l’impensable, face à une évolution démographique et à une politique israélienne attachée à bloquer, voire exclure, toute perspective d’évolution vers la reconnaissance de la  culture et l’autonomie palestiniennes et donc à bâtir une poudrière. Car Israël ne peut perdurer sous la forme d’un État pratiquant l’apartheid et régnant sur quelques bantoustans palestiniens.
Seul une volonté allemande de prendre la responsabilité de mesures préventives pour éviter l’autodestruction de l’État d’Israël par les sionistes pourrait conférer à  une réunion ministérielle israélo-palestinienne crédibilité et légitimité. (En outre il faudrait mettre à l’ordre du jour les conséquences du rapport Goldstone, ainsi qu’un réel arrêt  de la  colonisation et un changement de cap de la politique israélienne !).
Même si par le passé certains  démocrates-chrétiens se sont engagés en faveur de coopérations avec le régime de Pinochet  ou celui de ‘apartheid sud-africain, nous ne pouvons imaginer que 20 ans après la réunification une  Chancelière originaire d’Allemagne de l’Est ait si mal compris les leçons de l’Histoire qu’elle soit prête à sacrifier des principes politiques fondamentaux sur l’autel de la réédition d’une « fidélité des Nibelungen » (1) politique.
C’est pourquoi nous vous demandons de reconnaître publiquement que la réunion projetée abordera le problème du rapatriement de citoyens juifs israéliens d’origine allemande ou européenne en général.
Nous vous invitons  en outre, vous et votre cabinet, à vous mettre d’accord avec le gouvernement israélien pour conférer la double nationalité à tous les citoyens israéliens qui  - reconnaissant les signes des temps et condamnant la politique de colonisation israélienne- cherchent pendant qu’il en est temps une nouvelle (ancienne) patrie, parce qu’ils respectent les conventions européennes et onusiennes relatives aux droits humains et ne peuvent plus se faire entendre dans leur pays.
De même que pour l’intégration européenne, il ne peut y avoir pour Israël et l’Allemagne et leurs relations préférentielles d’avenir prospère pour nous tous  que sur la base du respect des conventions précitées.
Comme Avraham Burg, ancien porte-parole de la Knesset et Président de l’Agence juive le réclamait avec insistance dans le titre de son dernier livre au sujet des arriérés légués par  notre histoire : « Il s’agit, pour nos deux pays en particulier, de s’attaquer sur des plans bien différents à une tâche dont  jusqu’ici on s’est acquitté surtout dans le discours  et bien médiocrement  au niveau moral et politique: « En finir avec Hitler ! » 
Nous en appelons à vous-mêmes et au gouvernement allemand : Prenez cette tâche à cœur au sens où l’exigent les principes éthiques et juridiques d’Emmanuel Kant, socles de notre Loi Fondamentale (Constitution), au lieu de maintenir la déplorable hypothèque que nous a léguée cette époque par la poursuite réflexe d’une politique de refoulement et de complicité
1- Nibelungen : nains dépositaires du trésor des Princes de Bourgogne dans la saga du même nom. Après le meurtre de Siegfried, Krimhild veut que ses frères, les Princes de Bourgogne, fassent exécuter le meurtrier, Hagen. Ceux-ci refusent au nom de la fidélité du clan. La veuve enragée organisera le massacre de la totalité de son clan [NdT].

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