samedi 16 janvier 2010

Les 5 Cubains sur le toit de l'Amérique


par Atilio A. Boron, 11/1/2010. Traduit par Esteban G., révisé par Michèle Mialane, Tlaxcala


Original : “Los 5” en el techo de América


DSC05217
Le 10 janvier trois jeunes alpinistes argentins de la province du Neuquén, ont grimpé au sommet de l'Aconcagua, point culminant de l'Amérique qui s'élève à 6959 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cet exploit extraordinaire, effectué par Santiago Vega, animateur de radio et de télévision ; Aldo Bonavitta, employé de banque, et Alcides Bonavitta, militante sociale, a eu un objectif politique aussi clair que noble: exprimer la solidarité du peuple argentin avec la cause des cinq combattants antiterroristes cubains, qui sont emprisonnés par l'Empire depuis plus de onze ans, et dans des conditions qui n’ont jamais été appliquées, même au plus féroce criminel en série de ce pays. En outre, ils sont condamnés à la suite de sentences iniques, qui font de leur emprisonnement un affront à un procès digne de ce nom et à l'Empire de la loi.Les agents des services secrets cubains Ramón Labañino, Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González et René González ont été injustement et illégalement emprisonnés pour avoir fait des investigations sur les activités terroristes dans la communauté cubaine de Miami et leur cas pose un démenti catégorique à la prétendue lutte contre le terrorisme à laquelle Washington prétend se livrer.
DSC05218
Le cas « des cinq » révèle le haut niveau, rarement atteint, de la putréfaction morale de l'empire. Car si les cinq sont emprisonnés aux USA, c’est précisément pour avoir combattu contre le terrorisme. Par contre, des terroristes reconnus et avoués comme Orlando Bosch Ávila et Luis Posada Carriles, responsables de l’explosion en plein vol de l'avion de la Cubana de Aviación qui a causé la mort de 73 personnes, jouissent d’une totale liberté ; le premier de ces deux terroristes a même bénéficié de la grâce présidentielle, ce qui prouve bien que Washington protège le terrorisme et lui vient en aide, comme il l'a toujours fait : avec Oussama ben Laden, Saddam Hussein, Videla, Pinochet et l’obscur réseau de mercenaires qui dans le cadre du Plan Condor a fait disparaître et a torturé presque un demi-million de Latino-Américains.
DSC05221
La réclusion des héros antiterroristes cubains est un scandale dont l'immoralité dénonce haut et fort que les USA ne sont aucunement intéressés par le combat, si minime soit-il, contre le terrorisme et que leur discours à ce sujet est une hypocrisie monumentale. Si Barack Obama veut rester fidèle à la mémoire de Martin Luther King, qu’il considérait lors de son discours d'Oslo, comme l’un de ses mentors, il devrait déjà gracier « les cinq » et fermer l’oreille avec fermeté et dignité aux cris de la maffia terroriste logée dans les principales agences et les départements des trois pouvoirs de l'État nord-américain. Une maffia, qui en outre, est liée à la droite radicale et aux grands intérêts du complexe militaro-industriel, farouches adversaires de toute initiative un peu progressiste de celui qui, en arrivant à la Maison Blanche, voulait la mettre en pratique et séduisait ainsi l'électorat avec ses promesses de changement et sa consigne de « Oui, nous pouvons. »
DSC05222
Si Obama n’amnistie pas les antiterroristes, comme l'exige la Communauté internationale - et comme le réclame la bannière que ces courageux alpinistes du Neuquén ont fait flotter au sommet de l'Aconcagua-, c’est ou bien que son intégrité morale est gangrenée par des faiblesses malsaines (ce qui est très grave pour un Prix Nobel de la Paix) ou bien qu'il manque de l'audace et de la bravoure nécessaires pour affronter « le gouvernement permanent » des USA : c'est-à-dire, le funeste complexe militaro-industriel qui préside en fait aux destinées de ce pays et transforme cette démocratie américaine si prompte à faire du zèle en une sanglante pitrerie. La dégradation morale malsaine de l'Empire et de la nouvelle équipe dirigeante a jailli comme le pus d’une plaie, lorsque quelques mois plus tôt le Département d'État a refusé le visa d’entrée temporaire aux USA à Adriana Pérez O' Conor, l’épouse de Gerardo Hernández Nordelo. Dans cette facétie légale montée de toute pièce à Miami avec le consentement de Bill Clinton, de George W.Bush et, aujourd’hui, de Barack Obama, Prix Nobel de la Paix, Gerardo a été condamné à deux peines de prison : à perpétuité et quinze ans. Comme si une telle monstruosité judiciaire n'était pas suffisante, la « justice » US lui a interdit la visite de son épouse, même après ses onze longues années d’emprisonnement, ce  qui n’est refusé à aucun des pires criminels enfermés dans ses prisons. Lors de cet épisode infâme, digne de figurer en tant que nouveau chapitre du livre mémorable de Jorge Luis Borges, Histoire Universelle de l'Infamie, l’actuelle Secrétaire d'État, Hillary Clinton, a déclaré pour justifier l’injustifiable que la visite d'Adriana « constitue une menace pour la stabilité et la sécurité nationale des USA ». Peu d'expressions peuvent surpasser celle-ci pour démontrer la pourriture morale de l'Empire. Si seulement la prouesse de Santiago, Aldo et Alcides au sommet de l'Aconcagua pouvait aider Obama à prendre conscience du discrédit universel dans lequel il est en train de plonger en maintenant la politique de ses prédécesseurs par rapport aux deux problèmes clé : l'emprisonnement injuste « des cinq » et le maintient du blocus criminel contre Cuba !
DSC05225


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire