dimanche 17 janvier 2010

La vérité sur les souffrances d’Haïti

par Finian  CUNNINGHAM, 14/1/2010. Traduit par Isabelle Rousselot, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : 
The Truth about Haiti’s Suffering
Même en ces heures d'anéantissement total, Haïti, le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, donne au reste du monde des leçons d'une grande valeur.

Un tiers des 9 millions d'habitants de cette île des Caraïbes se voit en ce moment privé d’accès aux éléments fondamentaux que sont la nourriture, l'eau, les médicaments ou un abri. En un clin d'œil, le séisme qui a frappé le pays, a enterré sous les décombres une capitale de 3 millions d'habitants et le nombre de morts pourrait être de 100 000 à 500 000. Juste comme ça.
Semblables aux proverbiaux pompiers envoyés après l’incendie, les USA et d'autres puissances mondiales ont promis d'envoyer une aide d'urgence à Haïti. L'intention est bonne, bien entendu. Mais où étaient l'aide et l'assistance au développement économique – plus de la moitié de la population vit avec 1 $ par jour et 80 % sont considérés comme pauvres – dans les années ayant précédé cette catastrophe ?
La pauvreté d'Haïti – comme pour d'autres pays pauvres frappés par des catastrophes naturelles – rend son peuple encore plus vulnérable face au genre de catastrophe qui l’a frappé. Et attention, la pauvreté d'Haïti n'est pas due à la malchance ou à un défaut inhérent à ses ressources naturelles ou à son peuple. Le pays a été maintenu dans le sous-développement par des décennies d'ingérence politique et économique de Washington afin de s'assurer que cette ancienne colonie d'esclaves continue à servir de source d'exportations agricoles bon marché vers USA et d'atelier de misère pour les entreprises US de confection de produits textiles d'autres biens de consommation.
Alors que Washington dépense 1 000 milliards de $ dans les guerres censées combattre la menace du terrorisme, les pauvres d'Haïti – pays dont l'économie est évaluée à 7 milliards de $ - nous offrent une vision crue de ce à quoi ressemble une réelle menace de mort. Nous vivons dans un monde physique où se produisent des inondations, des tsunamis, des tremblements de terre. Ces catastrophes coûtent beaucoup plus de vies que les menaces qui obsèdent les USA et pour lesquelles ils ont dépensé beaucoup plus d'argent. Imaginez le nombre de vies qui aurait pu être sauvé lors du tremblement de terre à Haïti si une partie de l'argent dépensé pour des guerres inutiles avait été mise dans le développement social et économique de ce pays.
Bien entendu, la logique morale et raisonnable de cette idée ne s'applique pas dans un monde dominé par la politique étrangère de Washington. Ce sont les impératifs et la logique du capitalisme mené par les USA, qui exigent de pays comme Haïti d'être maintenus dans un état de pauvreté pour le profit des entreprises et qui exigent qu’on fasse une fixation sur des menaces illusoires afin de couvrir leur besoin de contrôler les ressources géopolitiques (principalement énergétiques). Voici le vrai visage du système économique que Washington et ses alliés imposent au monde. Et Haïti a enlevé le masque de cet affreux visage.
La détresse et la souffrance atroces d’Haïti nous enseignent autre chose. Les reportages déchirants sur les rues remplies de corps et le sang coulant sous les gravats, les enfants appelant leurs parents, les parents creusant avec leurs mains pour trouver leurs enfants, les voix des mourants dans l'obscurité de la nuit : c'est l'horreur de centaines de milliers de gens subitement engloutis par la souffrance. Certains observateurs ont comparé ce qui s'est passé à Haïti avec les retombées de l'explosion d'une bombe atomique. Alors, la prochaine fois que des porte-parole de Washington, lors d'une causerie télévisée du dimanche matin, émettront à la légère des projets pour anéantir l'Iran – cette autre «menace sérieuse» (c'est à dire une menace non sérieuse)- nous devrons nous souvenir que c’est ce qui s'est passé à Haïti qui ressemble à de la souffrance humaine à grande échelle.

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