mardi 8 septembre 2009

"La dernière bataille, c’est nous qui la gagnerons"

Les Verts, dans la mesure où ils sont autorisés à participer au gouvernement quelque part, sont seulement au gouvernement et jamais au pouvoir
par Jutta DITFURTH, 7/9/2009. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : »Die letzte Schlacht gewinnen wir«

Pendant la campagne électorale, Jutta Ditfurth blogue sur blog.prinz.de

Chouette : à Berlin, le samedi 5 septembre, environ 50 000 personnes ont manifesté contre les centrales nucléaires. Un océan de drapeaux multicolores, des slogans, de la musique. Légèrement bâclé, peut-être, mais il y avait des mobilisations ailleurs au même moment (par exemple contre le rassemblement nazi à Dortmund). Des vétérans de la lutte défilaient au son de Die letzte Schlacht gewinnen wir [La dernière bataille, c’est nous qui la gagnerons] de Ton Steine Scherben et de la musique de Kraftwerk, aux côtés de jeunes antinucléaires qui, eux, étaient plutôt branchés electro hip hop. Des décennies de luttes rassemblées.


Un mouvement avec des racines à Whyl, Brokdorf, Grohnde, Malville, Kalkar et Gorleben (1974-1979), des origines militantes et pleines d’imagination. Le mouvement anti-nucléaire des années 1970 a été le mouvement de masse qui a connu le plus grand succès depuis 1945, réussissant à empêcher- sans avoir un seul élu au parlement à ses côtés – la construction de plus de 70 des plus de 90 centrales nucléaires prévues en Allemagne. Il a lutté de façon indépendante de l'État et du capital. Le capital atomique a été contraint à la défensive à l’échelle internationale. Dans certains pays, ont est arrivés à arrêter l’ensemble du programme nucléaire, ailleurs, l'expansion des centrales a été limitée ou temporairement suspendue.

Énervant : à Berlin samedi, étaient aussi présents des policien-nes Verts en campagne électorale. Ils espèrent que leurs électeur-rices ont la mémoire courte. Mais il n'ya pas au Parlement un seul parti prêt à sacrifier sa participation à un gouvernement au prix de l’arrêt d’une seule centrale nucléaire. Pas plus les Verts que d‘autres, bien au contraire.

Nous autres opposant-es au nucléaire n’avons jamais eu rien à attendre (si ce n’est la répression et la tromperie) des partis étatistes, que ce soit du gouvernement SPD-FDP (années 1970), de l’État CDU / FDP (années 1980 et 1990) et encore moins du gouvernement SPD / Verts (1998-2005). Même le Parti de gauche a financé, en tant que parti au pouvoir en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, la fusion nucléaire. Mais les plus hypocrites, ce, sont les Verts.

Leurs électeur-rices veulent être trompés, par conséquent, les Verts entretiennent l’attitude : «Nous sommes d’une certaine manière contre les installations nucléaires». Du moins aussi longtemps que cela ne met en danger aucun strapontin. Le gouvernement SPD / Verts avait bricolé en avril 2002 un « consensus sur l'énergie ». L’intention tactique était de contrer la pression de la résistance anti-nucléaire en la divisant et en la pacifiant en lui faisant croire que « maintenant, on va faire quelque chose ». Qui donc lit les accords, les clauses en petits caractères, les accords de gouvernement?

Ce "consensus sur l'énergie" rose-vert - en fait, un consensus pro-nucléaire - contenait tant de portes grand ouvertes que le capital atomique, en dépit de toutes ses jérémiades, est depuis lors arrivé à maintenir en activité des vieilles centrales nucléaires, et même à préparer de nouveaux types de réacteurs et a réussi à ce jour à maintenir un programme nucléaire qui s’achemine vers sa prochaine étape, la fusion nucléaire, dont les dangers dramatiques ont été jusqu’à maintenant tenus secrets et banalisés.

Les Verts (et le SPD) ont aussi soutenu l’autorisation pour le réacteur nucléaire de recherche Munich II (FRM II de Garching). Il a démarré en juin 2004 et fonctionne avec de l'uranium hautement enrichi qui peut avoir une utilisation militaire. Une centrale à fusion nucléaire dégage en fonctionnement normal mille fois plus plus de radioactivité qu'une centrale à fission et produit cinq fois plus de déchets radioactifs qu’une centrale actuelle, dont le tritium radioactif émetteur de rayons bêta (isotope d’hydrogène). Sous sa forme gazeuse il se diffuse à travers presque tous les matériaux. L‘eau tritiée ne peut pas être chimiquement distinguée de l'eau normale. Le tritium est donc absorbé par le corps humain et peut pénétrer dans chaque cellule. Cette substance est cancérigène et induit des modifications génétiques.

Le SPD et les Verts ont également approuvé le stockage provisoire des déchets nucléaires sur les sites de centrales nucléaires et des transports (de déchets) nucléaires. Les Verts ont contribué en tant que parti au pouvoir en Rhénanie du Nord-Westphalie (1995-2005) au développement et à l'exploitation des centrales nucléaires d’Ahaus, Jülich et Gronau. C’est un gouvernement rouge-vert avec son chef de la police vert qui a fait passer à coups de matraques en 1998 un transport Castor vers le site de stockage des déchets nucléaires d’Ahaus.

En coopération avec la France, le gouvernement fédéral SPD-Verts a mis en route en 1993 la construction du réacteur pressurisé européen (EPR). L’ancien ministre des Affaires étrangères et de la guerre contre la Yougoslavie Joseph Fischer (Verts), devenu aujourd’hui l’occupant morose d’une villa à Berlin-Dahlem, a dit amen en 2003 à l’octroi d’un statut constitutionnel à la promotion et utilisation de l'énergie nucléaire dans l'UE.

Certains syndicats, proches dans leur majorité des partis atomiques, ont aussi mobilisé pour la manifestation de Berlin. Mémoire courte ? En Octobre 2005, les syndicats Ver.di [Syndicat uni des services, le « plus grand syndicat du monde libre », avec 2,4 millions de membres, NdT] et IG BCE (mines, chimie et énergie), ensemble avec les quatre entreprises du secteur énergétique Eon, Vattenfall, RWE et EnBW, ont exigé du gouvernement fédéral CDU / CSU/SPD nouvellement élu du de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires.

Le mouvement anti-nucléaire, depuis 35 ans, a démontré maintes et maintes fois que l'énergie nucléaire est mortelle, superflue et trop chère et peut être immédiatement remplacée par des sources d’énergie décentralisées, renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) et par des changements techniques (production, architecture etc.). Même la propagande, selon laquelle la meurtrière technologie nucléaire serait un moyen approprié pour combattre le changement climatique, est définitivement réfutée depuis longtemps.

Le «cycle de vie» de la production nucléaire (extraction de l'uranium, enrichissement d'uranium, centrales nucléaires, usines de retraitement, transport nucléaire, déchets nucléaires) est un tueur de climat de première classe. Les centrales nucléaires polluent la nature et détruisent les humains. Les installations nucléaires détruisent le système immunitaire humain, provoquent des cancers et tuent même en cas de fonctionnement normal sans incident par les faibles radiations. Et à ne jamais passer sous silence : il n'y a pas de séparation entre les utilisations civiles et militaires de l'énergie nucléaire, qui exploite des centrales nucléaires, peut aussi fabriquer des bombes atomiques.

Voter Verts ? Sous le gouvernement Schröder / Fischer gouvernement des dizaines de milliers de policiers ont forcé à coups de matraques le passage des transports Castor à travers le Wendland. Les politiciens Verts étaient à l’époque éjectés des manifestations anti nucléaires ! Et à juste titre. Warum durften sie sich im letzten Jahr wieder einschleichen? Pourquoi ont –ils été autorisés à s’infiltrer cette dernière année ? Parce qu’on aurait envie de se laisser à nouveau mener en bateau tous les cinq ans? Même le «moindre mal» n'est qu'un mal, et souvent de grande ampleur. Existe-il des dépendances matérielles de certaines organisations ? Du fric de l‘Éat ? Des mandats?
Des initiatives comme
X-tausendmal quer [mouvement de blocage non-violent des transports Castor, NdT] déclarent sans rire : «Nous pouvons défendre le consensus nucléaire mal-aimé aux côtés des rouges- verts contre les demandes d'extension de la durée de vie des centrales émanant de l'industrie et de la CDU / FDP. » On peut reconnaître les ramollis et les dépendants à ceci qu’ils évitent les positions centrales de l'opposition anti-nucléaire. Ils disent tout au plus : « décrocher », « sortir » (du nucléaire) mais jamais : « Démantèlement immédiat de toutes les installations nucléaires. »

Ce qui est précisément ce pourquoi nous luttons.

Les Verts, dans la mesure où ils sont autorisés à participer au gouvernement quelque part, sont seulement au gouvernement et jamais au pouvoir (librement d’après Tucholsky).

Jutta Ditfurth a raconté de manière critique l’histoire des Verts allemands dans son livre: Das waren die Grünen (C’était les Verts) , München: Econ Taschenbuchverlag 2000, ISBN 3-548-75027-3.

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