jeudi 16 juillet 2009

Une balle dans la tête, une balle dans le coeur

Natacha Estemirova a été enlevée à la sortie de son domicile, à Grozny, en Tchétchénie, mercredi matin à 8h 30. Son corps sans vie, criblé de balles, a été retrouvé à 16h 30, dans une forêt près de Nazran, dans l'Ingouchie voisine.
Natacha avait 50 ans. Elle dirigeait l'antenne locale de l'ONG russe Mémorial, qui dénonce inlassablement les violations des droits humains dans le Nord-Caucase.
L'ubuesque "président" tchétchène Ramzan Kadyrov s'est même permis de dénoncer le "caractère inhumain" de cet assassinat et de promettre de "superviser personnellement" l'enquête sur l'assassinat.
«Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable du meurtre de Natalia Estemirova, nous le connaissons tous - son nom est Ramzan Kadyrov», a déclaré dans un communiqué mercredi soir Oleg Orlov, le responsable de Mémorial. Ramzam Kadyrov «menaçait Natalia, l'insultait et la considérait comme une ennemie personnelle», a-t-il poursuivi.
Natacha avait été l'une des principales informatrices d'Anna Politkovskaïa. Après l'assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta, en octobre 2006, elle était devenue la première récipiendaire du prix Anna-Politkovskaïa, en 2007. Elle avait également reçu un prix du Parlement européen et avait été proposée pour le prix Sakharov.
Elle avait été désignée pour participer à un conseil des droits de l’homme en Tchétchénie, mais elle avait été écartée par Kadyrov, parce qu’elle refusait de porter le voile conformément à la charia instaurée en Tchétchénie.
Elle enquêtait sur plusieurs affaires louches, dont le meurtre d’une dizaine de jeunes filles, victimes de crimes dits d’honneur, la disparition d’un étudiant expulsé d’Egypte, le meurtre la semaine dernière d’un présumé indépendantiste ainsi que les incendies de maisons de parents de rebelles.
Le président russe Dmitri Medvedev a réclamé une enquête. Il y aurait là de quoi rire, si ce n'était pas si tragique.

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