mardi 26 mai 2009

RECTIFCATIF - José Bové : la mémoire qui flanche

La querelle faite par Mélenchon à Bové s'appuyait sur une citation manipulée par le journal Politis. Voici la phrase exacte.
En transformant une virgule en point, Politis a déclenché une tempête dans une bassine d'eau, qui méritera d'entrer dans les annales de la (dé)formation des journalistes. Dont acte.
Ceci dit, les questions que pose la cohabitation de Bové avec Cohn-Bendit sur une même liste restent entières. Elles n'ont rien à voir avec des attaques personnelles.
FG - Rédaction Basta!
Le seul point commun entre José Bové et le sous-commandant insurgé Marcos : la pipe
LA BOMBE
par
Jean-Luc Mélenchon, 24/5/2009
Ça c’est la bombe de la semaine. Le vrai crève cœur du moment. Quand on me l’a appris, j’ai cru que ce n’était pas vrai. Et pourtant si, c’est vrai. Et c’est même confirmé par l’intéressé. Et moi je n’arrive toujours pas à y croire. Dans son dernier livre paru le 7 mai, «Un Paysan pour l’Europe», José Bové tient une conversation avec Claude-Marie Vadrot. Il est interrogé sur la contradiction entre son engagement pour le Non et sa candidature aux côtés de Cohn-Bendit. Claude-Marie Vadrot: "Tu penses que, si vous êtes élus, même sur une base minoritaire, vous aurez un rôle vraiment important? Il y a vraiment quelque chose à faire à Bruxelles? Après tout, tu as voté contre cette Europe … alors que Daniel Cohn-Bendit et certains de tes compagnons de campagne ont fait campagne pour le «oui». Cette question, te concernant, revient très fréquemment." José Bové: "Effectivement, j’ai voté «non» au traité constitutionnel, mais je n’ai pas fait campagne. Une campagne très écoutée au nom de vieux principes archéos-souverainistes qui nous ramèneraient au repli identitaire sur l’État-nation. C’est un schéma qui ne peut pas fonctionner, qui n’a plus de sens, qui nous ramène à ce qu’il y a de pire dans le nationalisme". …La confirmation est dans le journal Politis de cette semaine. Vadrot repose la même question et Bové répond de même. Il y balaie le problème en affirmant: «J’ai voté non au Traité constitutionnel mais je n’ai pas fait campagne. Une campagne très écoutée au nom de vieux principes archéo-souverainistes qui nous ramèneraient au repli identitaire sur l’État-Nation». On se pince. Pas fait campagne, José Bové? Oubliés les innombrables meetings du Non de gauche à nos côtés, avec Marie-George Buffet et Olivier Besancenot. Oublié le zénith du Non de gauche à Paris? Oubliées nos interventions communes lors de rassemblements de salariés, par exemple à la gare Saint Lazare ou à la gare de Lyon. Oubliées ses nombreuses interventions de campagne dans les médias, à commencer par son intervention dans les spots télévisés de la campagne officielle, sur le temps de parole du PCF. Oubliées enfin ses propres passes d’arme contre Cohn-Bendit à l’époque, comme à Maraussan dans l’Hérault le 29 avril 2005. Ce soir là Bové et Cohn-Bendit s’affrontaient au même moment par meetings interposés. Cohn-Bendit défendait le oui aux côtés de Georges Fréche et de François Hollande, tandis que José Bové se disait «choqué qu’on puisse faire de la propagande en faisant voter les morts», à propos de la récupération de Jaurés organisée en faveur du Oui par le PS et Cohn-Bendit. Et, bien sûr, le plus incroyable c’est non seulement qu’il nie un fait que n’importe qui peut rectifier mais surtout qu’il l’assortisse de commentaires injurieux sur le nationalisme des partisans du non. Je crains qu’il y ait un problème. Je ne sais pas lequel. Mais c’est tellement incroyable! Et surtout si peu crédible.

L'invention d'un nouveau mensonge
par Maxime Vivas, 25/5/2009
En mars 2007, j'avais épinglé sur plusieurs sites cette capacité de Bové à mentir éhontément. Il avait affirmé par deux fois à la télévision que Fidel Castro l'avait expulsé de Cuba pour propos non conformes.
José Bové s’était rendu à La Havane en septembre 2001 pour participer au Forum mondial sur la souveraineté alimentaire, avec 400 participants du monde entier à l’appel de Via Campesina, invité par l’ANAP (Associacion Nacional de Agricultores Pequenos de Cuba).
Le 25 Septembre 2003, lors de l’émission « 100 minutes pour convaincre », sur France 2, interrogé sur Cuba par Bernard Kouchner (futur sarkoziste), José Bové esquiva en répondant (de mémoire) : « J’ai été expulsé de Cuba par Castro pour avoir dit des choses qui lui déplaisaient ».
Cette expulsion, José Bové lui-même l’ignorait une seconde avant de l’inventer pour la télé.
Le 3 mars 2007 à 14 heures, dans l’émission « chez F.O.G. » sur France 5, Bové s’entendit reprocher son « utopie communiste », par Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur de cabinet de Jospin et futur sarkoziste. Réponse textuelle de Bové : « Je suis un des rares à avoir pu me rendre à Cuba pour critiquer Fidel Castro ; ça m’a été reproché, et j’en ai été chassé ».
Par une amie journaliste française qui avait couvert le Forum, j'ai obtenu les articles (élogieux) que la presse cubaine avait consacrés à Bové pendant et après son séjour. J'ai également lu son livre (« Paysan du monde », Fayard, 2002) où figure le texte de son discours (flagorneur) en présence de Fidel Castro. Il y raconte même son départ tranquille vers l'aéroport à l'issue du Forum.
J'ai ainsi apporté plusieurs preuves que Bové mentait. Cela m'a valu des centaines de mails, parfois orduriers. Des amis se sont fâchés avec moi, ne comprenant pas que j'égratigne le héros du Larzac après l'avoir soutenu si activement quand il était poursuivi par la Justice (française!). Des proches de Bové m'ont rapporté qu'ils n'avaient pu obtenir de lui, ni une confirmation de sa fable, ni une réfutation de mon enquête.
Mais il a cessé de répéter son mensonge.
Dommage qu'il vienne d'en inventer un autre !

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