mercredi 25 mars 2009

Les American Corners, consulats illégaux des USA au Venezuela, des centres de conspiration et de propagande

par Eva GOLINGER, 18/3/2009. Traduit par Esteban G., révisé par Fausto Giudice , Tlaxcala
Original :
Los consulados ilegales de EEUU en Venezuela

Conférence d'Eva Golinger le mercredi 25 mars, 19h, à Montpellier, Salle Pétrarque, Esplanade : "Vers de nouvelles relations Amérique Latine-USA ?"(Dans le cadre de la Qunzaine latino-américaine du 23 mars au 4 avril : programme ici)
Jeudi 26 mars, 20h, Cinéma Comoedia, Sète : Projection-débat "Bruxelles-Caracas"

C’est vers la fin 2005 que l'ambassade des USA au Venezuela, alors dirigée par William Brownfield (aujourd’hui ambassadeur de Washington en Colombie), avait inauguré le premier de ce qui serait les quatre sièges de « consulats virtuels » US au Venezuela, qu’ils appellent « American Corners » (« Coins américains »). Ce ne sont pas des sièges diplomatiques typiques, puisque dans les pays où ils sont situés ils ne disposent d’aucune autorisation de la part du Ministère des Affaires Étrangères, et n’offrent pas de services aux citoyens usaméricains résidant dans ce pays. Des documents du Département d'État récemment déclassés suite à mes recherches, soulignent explicitement que ces « coins américains » ont pour intention de faciliter le dialogue et la relation « sans filtre » entre l'ambassade des USA et le peuple vénézuélien. En violation claire et flagrante de la loi internationale et particulièrement de la Convention de Vienne sur les relations consulaires, Washington essaye d’outrepasser l'autorité du gouvernement vénézuélien pour pouvoir établir des relations bilatérales directes avec des secteurs de la société vénézuélienne.
Depuis l'arrivée au pouvoir en 1998 du Président Chávez et de la Révolution Bolivarienne, Washington a essayé de miner la démocratie vénézuélienne à travers différentes actions déstabilisatrices, y compris avec le coup d’État d'avril 2002, le sabotage économique et pétrolier de 2002-2003, des guarimbas [troubles de rue à visée déstabilisatrice, NdR], des interventions électorales, une guerre médiatique et un flux constant de dollars aux groupes violents et antidémocratiques de l'opposition. Donc, lorsque l'ambassade des USA cherche à établir une relation « sans filtre » avec le peuple vénézuélien, on ne peut voir derrière cela que les mêmes intentions de toujours ; son objectif est de renverser le Président Chávez et de détruire la Révolution Bolivarienne.
Officiellement, les American Corners sont des programmes d'association entre l'ambassade des USA et certaines institutions locales qui créent de petits espaces, ou des « coins », avec accès à l’information sur les USA à travers Internet, des livres et des documentaires produits par le Département d'État (DOS). Le but est de créer une sorte de « consulat virtuel » qui ne soit pas formellement parrainé par le gouvernement des USA mais par une organisation, une association, une école, une bibliothèque ou une institution locales. En réalité, les American Corners constituent un autre instrument de propagande de Washington qui non seulement fonctionne comme rampe de lancement pour la guerre psychologique, mais également pour subvertir et violer les règlementations diplomatiques en établissant des sites d'accès « consulaire » dans un pays, sans l'autorisation du gouvernement hôte.
Les Corners sont supervisés de près par le Département d'État, celui-ci tient un registre sur leur efficacité. Le concept des American Corners a été créé au cours des années 90 et inauguré en Russie. L'idée était de préserver les avancées obtenues et le travail effectué pendant la Guerre Froide et de parvenir à ce que la présence de Washington passe inaperçue en Russie, dans le but de garantir que la propagande usaméricaine puisse continuer à influencer l'opinion publique.
En 2002, le Bureau de la Diplomatie et des Affaires Publiques du Département d'État a étendu le programme des American Corners, et il en existe aujourd'hui plus de deux cents dans le monde. La majorité ont été placés dans des ppays de l'Europe de l’Est, comme la Bulgarie et la Pologne ; en Asie comme l'Ouzbékistan, Kirghizstan, la Turquie, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Indonésie et le Bangladesh ; ainsi qu’au Moyen-Orient, y compris Oman, entre autres. Le Venezuela est le premier pays de l'Amérique latine qui ait « bénéficié » fait de ce programme. Le 9 décembre 2005, William Brownfield, l’ambassadeur d’alors, avait inauguré le premier American Corner dans la ville de Barquisimeto, dans l’État du Lara, le siège étant dans le Collège d'Avocats de la région. Durant les six mois suivants, trois autres de ces consulats illégaux on été inaugurés dans les villes de Margarita, Maturín et Lecherías (État. Anzoátegui), presque tous situés dans les Collèges d'Avocats régionaux, sauf à Lecherías, où un espace avait été prêté dans les locaux de la mairie.


Logo des American Corners au Chili, où il y en a quatre. Actuellement, il y a 395 American Corners dans le monde, dont 18 en Amérique latine.

D’après les documents récemment déclassés, qui comprennent une série de contrats entre l'ambassade des USA au Venezuela et les hôtes, ainsi que d’autres rapports sur le fonctionnement de ces QG diplomatiques non autorisés, les American Corners au Venezuela reçoivent leur financement de la division des Affaires de l'Hémisphère Occidental du Département d'État et de l'ambassade. De fait, les entités hôtes, comme les collèges d’avocats ou les mairies, ont signé des contrats avec l'ambassade et reçoivent de l'argent du Département d'État. Ce fait les transforme en agents de Washington, financés et supervisés par un gouvernement étranger qui a gardé une position agressive contre le gouvernement vénézuélien pendant la dernière décennie. Les contrats entre l'ambassade et les hôtes vénézuéliens sont d’une durée de dix ans renouvelables et obligent l'hôte à fournir l’espace « pour la parfaite satisfaction» de l'ambassade « afin de donner toute capacité au Corner, y compris pour ses collections de matériels imprimés et électroniques, son accès public à Internet, et autres programmes et activités en liaison… »
Ensuite, le contrat souligne que l'ambassade fournira « … au Corner une collection de base sur les USA imprimée et en CD-ROM … À la discrétion du PAS [la section des affaires publiques de l'Ambassade] et avec l’assistance de la Bibliothèque, le PAS choisira et achètera de nouvelles publications imprimées et électroniques pour les incorporer à la collection du Corner, sur des thèmes en rapport avec : l’économie, la gestion, le commerce, les études américaines, l’enseignement de la langue anglaise, les sciences politiques, le droit et les sociétés démocratiques. Le PAS décide de fournir au Corner de multiples copies des publications produites par le Département d'État conçues pour la distribution publique… » Parmi d’autres choses, le siège « réalisera des programmes avec des conférenciers des USA… [et]… fournira l'information et les matériels sur les programmes, les dons et les opportunités éducatives qu'offre le gouvernement des USA. »
Autrement dit, ces American Corners sont des centres de propagande et des lieux de réunions du gouvernement des USA, établis sans autorisation. Ils sont illégaux. Ils servent d’espaces pour que Washington continue à promouvoir son agenda de déstabilisation du Venezuela sur le dos du gouvernement vénézuélien. Si le Venezuela ouvrait des sièges semblables aux USA sans l'autorisation de ce gouvernement, ils seraient fermés immédiatement et leurs employés usaméricains emprisonnés comme « des agents non autorisés d'un gouvernement étranger ». Alors pourquoi le gouvernement vénézuélien a-t-il laissé opérer ces acteurs et accepté ces lieux illégaux et nuisibles pendant plus de trois ans ? Il n'y a pas de raison pour qu’au Venezuela la porte à la conspiration soit ouverte. Le peuple mérite une meilleure protection contre ces actes qui attentent à sa volonté et minent le dur travail que nous faisons tous pour obtenir la justice sociale.

Bangalore, Inde, 1995. Photo David H. Wells/CORBIS


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