samedi 1 novembre 2008

Crise financière ou guerre secrète ?

par Mohammad Djamal ARAFAH محمد جمال عرفة

Le 14 octobre 2008, le gestionnaire de fonds et analyste financier Mostafa Belkhayate* a accordé une interview au site Capital.fr, qu’on retrouve également sur son site personnel.
Curieusement l’une des questions et l’analyse de
Mostafa Belkhayate sur des possibles causes profondes de cette crise, a complètement disparu sur le site de Capital ! Cependant, Capital a pris le soin de laisser un lien vers le site de Belkhayate (indiqué plus haut) où l’on peut lire ce qui suit :

Capital.fr : Qu’est ce qui vous fait penser que la chute n’est pas terminée ?

Mostafa Belkhayate : Lorsqu’il y a un crime, cherchons le coupable du côté de celui qui en profite. Washington a résolu en moins d’une semaine le grave problème des créances américaines : en faisant croire que Freddie Mac et Fannie Mae, deux organismes américains de financement, risquaient la faillite, les financiers yankee ont coupé l’herbe sous les pieds des Chinois, qui possèdent près de 400 milliards de dollars d’obligations émises par ces institutions. Ces dernières, aujourd’hui loin de leur valeur initiale, ne peuvent plus être revendues. Tous ceux qui pourraient en acheter en ont déjà ; les Japonais, les Européens, les Russes, les Arabes,… Voilà comment on peut dissoudre des milliers de milliards de dollars de dette. Pour moi, c’est la seule explication du sacrifice de Lehman Brothers. C’est ingénieux, d’autant plus que Washington a manipulé le prix du pétrole à la hausse à partir d’avril 2008 pour "offrir" sur un plateau venimeux un maximum d’obligations aux Arabes, qui leur ont toujours fait une confiance aveugle. Une fois le plein fait, on lâche le pétrole et les obligations. Le mécanisme a parfaitement marché puisque aujourd’hui les créanciers amis de l’Amérique n’ont que du papier sans valeur entre les mains. Voilà la vraie guerre ! Sauf qu’il me semble qu’on ait sous-estimé la réaction de "ces amis". Leur réaction sera violente, foudroyante…car ils ne vont pas se laisser faire. La crise boursière ne fait que commencer. On va assister à une attaque en règle sur le billet vert…

Qu’est-ce qui se passe vraiment ? Ce spectacle auquel on assiste, est-ce simplement une machinerie trop complexe devenue folle et qu’on ne contrôle plus ? Un gros machin qui échappe à la compréhension des contribuables heureux que nous sommes, et qui risque d’exploser et de faire beaucoup de dégâts ? Ou est-ce qu’il y a des malins qui appuient sur les boutons et appuient sur les manettes et tirent les ficelles, qui se croient trop rusés pour tout contrôler et qui se fichent de savoir si cela peut faire tomber le ciel sur nos têtes ?

Assistons-nous seulement à une crise financière, ou bien, comme certains commencent à le dire, à une guerre économique secrète, comme le montre l’article suivant ? – IA

* Trader et gestionnaire du Fonds islamique d’investissement dans l’or Mansa Moussa Gold Fund (1,2 milliard de dollars d'actifs en gestion), qui affiche une performance moyenne - étonnante par sa constance - de 3% par mois depuis sa création en avril 2005, Mostafa Belkhayate a eu le nez creux en affirmant que l'or allait rallier la barre psychologique des 1.000 dollars et que le CAC 40 (PX1) allait glisser sous les 4.000 points avant l'automne. Le gérant, qui compte désormais associer les investisseurs à son engagement dans l'humanitaire, nous donne ses prévisions sur le dollar, les matières premières et le CAC 40 (PX1).Voir son interview ici.

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L’Arabie Saoudite : « La crise financière est une guerre secrète »

par Mohammad Djamal Arafah محمد جمال عرفة

Le souverain saoudien, le roi Abdullah Ben Abdelaziz a indiqué que la crise financière que subissent les marchés financiers internationaux aurait pu être planifiée afin de faire saigner les pays du Golfe, en la décrivant comme une « guerre secrète ».

Dans son discours lors d’une réception par le Ministre de la culture et de l’information, Iyad Ben Amîn Madani, d’un certain nombre de responsables ministériels du secteur de la presse, et des rédacteurs en chef des journaux et des magazines saoudiens, ce samedi 25 octobre 2008, le roi Abdullah a déclaré : « Je crois que le monde subit maintenant une guerre secrète, une guerre économique. Vous devez prendre cela en considération, ainsi que l’intérêt de la religion et de la patrie et non pas l’intérêt de quelques individus, car l’économie est la base de toute chose ».

Le souverain saoudien a aussi insisté, en recevant les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des États du Conseil de Coopération du Golfe, sur le fait que le Golfe poursuivait sa marche en avant mais qu’il était visé.

Il a expliqué dans un discours transmis par l’agence officielle saoudienne : « Vos pays sont une cible visée pour ébranler ce bienfait (la richesse et la stabilité, NdT), que nous devons apprécier et respecter, nous devons entretenir, et nous devons protéger sans précipitation, sans faux nationalisme et sans ostentation inutile. Nous voulons que chacun ait ses yeux la crainte du Seigneur, la reconnaissance qui lui est due, et l’intérêt de la nation. C’est ce que nous voulons ».

Le souverain saoudien a dévoilé qu’il allait bientôt se rendre aux USA, mais il n’a pas précisé s’il allait aborder la crise financière pendant cette visite. Il a déclaré : « Je me rends aux USA pour y participer au dialogue interreligieux en cours actuellement ».

Crise ou complot ?

Les experts économiques sont d’accord que la cause principale qui a déclenché l’actuelle crise financière est le fait que plusieurs banques US ont vendu des produits d’emprunt obligataire garantis par les hypothèques des crédits immobiliers et des polices d’assurance, pour des centaines de millions de dollars, à différentes banques partout dans le monde, avant qu’on se rende compte que ces produits étaient sans valeur, ce qui a provoqué la crise des crédits hypothécaires.

Mais quelques hommes politiques arabes pensent qu’il se pourrait que la crise vise les investissements de quelques États, ce qu’on appelle les fonds souverains, dans les institutions financières US qui viennent de s’effondrer.

Ce groupe croit que la crise financière aux USA, et qui a entrainé la chute des bourses internationales, serait organisée dans le cadre d’un plan occidental pour frapper les fortunes arabes pétrolières, et pour mettre la main sur les profits réalisés par les Arabes aux dépens de l’Occident sous forme des recettes pétrolières, suite à la hausse importante des cours du pétrole récemment.

Les partisans de cet avis avancent pour preuve deux rapports stratégiques US publiés en juin 2008, soit avant la crise, qui mettent en garde contre l’influence des fonds souverains arabes, contrôlés principalement par l’argent du Golfe, le fruit du pétrole, sur l’économie US et occidentale.

Ces deux rapports mettent aussi en garde contre une future réorientation du cap de la politique internationale sous l’effet de cette influence économique au service des intérêts arabes, si ces États pétroliers le voulaient.

Le premier des deux rapports est celui de Richard Haass, l’ex directeur de la planification au Département d’État US, et qui a été publié dans le numéro de mai/juin du magazine Foreign Affairs The Age of Nonpolarity », NdT). Dans cet article, il parle de l’importance croissante de ces fonds et de leurs possessions, ce qui leur permet de contrôler le système financier US et de devenir des moyens de pression politique.

L’autre rapport signé Daniel Drezner, professeur assistant des politique internationale à l’école Fletcher de l’Université Tufts aux USA, a été publié dans le numéro de mai/juin du magazine The American sous le titre The Sovereigns Are Coming. Il y souligne que le temps de la domination de ces fonds souverains s’approche (un tableau fourni dans l’article donne un total de 1425 milliards de dollars rien que les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Koweït. D’autres avancent un chiffre entre 3000 et 4000 milliards de dollars pour les pays arabes du Moyen Orient, (voir Le nouvel âge d’or des fonds souverains au Moyen Orient, NdT).

Un article publié le 15 septembre 2008 par le journal International Herald Tribune (The rising danger of high oil prices, NdT), met en garde contre l’accumulation des milliards de pétrodollars dans le Golfe et contre les fonds souverains de ses pays, et il appelle à développer une « nouvelle stratégie » pour affronter ces fonds arabes fruits du pétrole.

L’article est signé Henri Kissinger, l’ex-secrétaire d’État US, et Martin Feldstein, professeur d’économie à l’université de Harvard et ex-conseiller économique en chef du président Ronald Reagan (voir à propos de leur article l’intéressante analyse : Henri Kissinger, l’ « israélisation » de la raison, les Fonds souverains, le Fond de Zakat et l’épouvantail « islamiste », NdT).

Mise en faillite « volontaire »

Après le déclenchement de la crise, différents rapports circulaient sur les sites web arabes à propos de l’existence d’un plan US bien organisé dont l’objectif est de mettre en « faillite volontaire » quelques banques et entreprises US, notamment celles avec beaucoup d’investissements d’argent arabe et asiatique, afin d’avaler ces fortunes.

Les partisans de cette thèse affirment que ce plan a été organisé pour mettre la main sur les fonds souverains arabes que les gouvernements investissent dans les banques, les institutions et autres entreprises industrielles US.

Ces rapports ajoutent que ces effondrements « provoquées » de quelques banques et entreprises, visent non seulement plus d’un trillion (mille milliards, NdT) de dollars – selon des estimations non officielles – des fonds souverains arabes, mais aussi environ deux trillions et demi supplémentaires des fonds souverains asiatique ou d’Amérique latine, pour des États comme la Chine, le Japon, la Singapour, la Corée du Sud et le Brésil.

Ces fonds sont investis dans les institutions financières US et représentent des dettes sur l’économie US. Les États investisseurs comptaient sur le retour de ces fonds et de leurs bénéfices astronomiques, mais les décideurs US ne le voyaient pas ainsi selon ces rapports.

Ces rapports expliquent le recours par les USA à ce plan en affirmant que « l’économie US ne pourrait pas supporter les risques du retrait de ces fonds, et ne pourrait pas payer les profits gigantesques pour l’étranger. Il y aurait aussi d’autres objectifs politiques visant à sauver l’empire capitaliste US de la faillite et de l’implosion économique et politique ».

Ces analystes soutiennent leur thèse en affirmant que les investisseurs étrangers ne pourront pas obtenir le moindre dédommagement des institutions US en faillite, en vertu du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux USA. Ce chapitre protège les institutions en faillite contre leurs investisseurs, et n’accorde à ces investisseurs aucun droit sur ceux qui achètent ces institutions en faillite.

Il n’y a pas de rapports fiables sur les pertes des fonds souverains du Golfe dans cette crise financière US, mais on les estime à plusieurs milliards de dollars.

Traduit par IA, révisé par Fausto Giudice,
Tlaxcala

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