vendredi 24 octobre 2008

Solidarité avec la lutte du Mouvement indigène de Colombie

par Humberto CHOLANGO

Aux organismes internationaux de droits humains

Aux organisations indigènes d’Abya Yala[1]

Aux citoyens du monde

Tous avec “la minga[2] indigène et populaire pour la résistance” en Colombie

Maintenant que plusieurs peuples de l’Amérique Latine sont en train de développer des processus formidables de changement et qu’ils cherchent à jeter les bases de modèles équitables et démocratiques, des gouvernements persistent à vouloir maintenir des modèles qui sont aujourd’hui balayés par l’histoire, des modèles qui tombent en morceaux de Wall Street à Tokio, en passant par Londres et Paris et les centres économiques les plus importants du capitalisme mondial.

Pour le président de la Colombie, Alvaro Uribe, il n’y a pas de crise financière mondiale. Il ne s’est pas rendu compte que le néolibéralisme ne peut plus être défendu par le président français, ni encore moins par George W. Bush. Personne ne lui a dit que les USA sont en train de perdre la guerre d’invasion en Irak et Afghanistan; pour lui il n’y a que l’antiterrorisme; tous, sauf lui même, sont des terroristes. Tous ceux qui critiquent, qui défendent les droits humains, qui exigent justice et démocratie, tous ceux-là sont des terroristes qu’il faut éliminer sans ménagement.

Les peuples indigènes de Colombie ont initié depuis le 4 octobre dernier le soulèvement national “minga indigène et populaire pour la résistance” en défense et pour la dévolution de leurs territoires ancestraux, et en protestation contre l’initiative législative et administrative lésant les droits des peuples indigènes et l’intégrité de leurs territoires, et qui à travers le TLC (traité de libre-échange) signé avec les USA établirait le marché libre des terres et des ressources naturelles.

La réponse du gouvernement d’Uribe a été l’application génocidaire du terrorisme d’État, contenu dans le Plan Colombie et dans la Sécurité Démocratique imposée et financée par le gouvernement US. Pendant ces mobilisations il y a déjà eu es dizaines de blessés et douze morts – dont des hommes, femmes, des personnes âgées et des enfants -, pour la plupart des dirigeants. Et Uribe les appelle terroristes.

Qui mérite la condamnation internationale? Ceux qui ont décidé se lever dans leurs patelins où ils sont marginalisés par les possesseurs du pouvoir de l’argent et de la politique? Ou ceux qui méconnaissant toute norme légale et éthique, dépensent des milliards pour acheter des armes afin d’assujjettirle peuple colombien?

En tant que Confédération Kichwa de l’Equateur, ECUARUNARI, nous exprimons notre solidarité avec les milliers de frères indigènes ayant proclamé le soulèvement national en défense des droits des peuples indigènes. Nous demandons à l’ONIC (Organisation Nationale Indigène de la Colombie) ne pas abandonner leur lutte, qui est la nôtre. Nous ne prendrons aucun repos pas jusqu’à ce que le néolibéralisme et les impérialistes soient bannis de l’Amérique Latine.

Avec la même énergie nous rejetons et condamnons fortement les actions fascistes de l’État et du gouvernement colombien, et demandons aux instances multilatérales (ONU, OEA, CAN) de droits humains d’accomplir leur objectif de défendre la démocratie et la vie des peuples. En Colombie sont en train de se commettre des actes de génocide et des crimes contre l’humanité exigeant la condamnation mondiale.

Pour le Conseil de Gouvernement
Humberto Cholango



[1] Abya Yala est le nom choisi en 1992 par les nations indigènes d'"Amérique" pour désigner le continent au lieu de le nommer d'après Amerigo Vespucci.
L'expression « Abya Yala » vient de la langue des Kunas, un peuple indigène de Panama et de Colombie qui utilise cette expression pour nommer l'Amérique. Les mots signifient « terre dans sa pleine maturité ». Le leader indigène aymara de Bolivie Takir Mamani a proposé que tous les peuples indigènes des Amériques nomment ainsi leurs terres d'origine, et utilisent cette dénomination dans leurs documents et leurs déclarations orales, arguant que « placer des noms étrangers sur nos villes, nos cités et nos continents équivaut à assujettir notre identité à la volonté de nos envahisseurs et de leurs héritiers. » La proposition de Takir Mamani a reçu un accueil favorable dans divers secteurs.(NdR)

[2] Une minga, également appelée minka (en langue quechua) ou minca ou encore mingaco, est une tradition andine de travail collectif à des fins sociales. D'origine précolombienne, cette tradition met le travail commun au service d'une communauté, d'un village ou d'une famille, à des moments déterminés où un effort important est nécessaire : récoltes agricoles, constructions de bâtiments publics, déménagements.Elle se pratique en particulier au Pérou, en Équateur, en Bolivie et au Chili. Des pratiques équivalentes existent ailleurs : en Haïti on l’appelle koumbit (du français coup de main), aux Comores mranda (du français rendez-moi service), au Maroc tawaza o tawiza.(NdR)




16 septembre 2004 : 60 000 indigènes défilent à Cali au terme d’une marche pour la vie, la justice, la joie, l’autonomie et la liberté.


Source : Solidaridad con la lucha del Movimiento Indígena de Colombia

Article original publié le 16/10/2008

Sur l’auteur

Traduit par Nuria Álvarez Agüí et révisé par Fausto Giudice,
Tlaxcala

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